Traitement des eaux usées - Écotech Québec

Le traitement des eaux usées en bref

Le traitement des eaux usées vise à protéger l’environnement et la santé publique en réduisant les teneurs en matières organiques, en matières solides, en nutriments (azote et phosphore), en agents pathogènes et en divers polluants de l’eau. 

Les grandes étapes de traitement des eaux usées sont les suivantes : 

  • Prétraitement : Enlèvement des matières grossières et/ou des huiles et graisses par dégrillage, tamisage, dessablage, déshuilage et/ou dégraissage.
  • Traitement primaire : Enlèvement d’une partie des matières en suspension et de la matière organique par des procédés physiques (décantation, flottation) et/ou chimiques (coagulation, floculation).
  • Traitement secondaire (biologique) :  Enlèvement de la matière organique par des procédés de traitement biologique (boues activées, réacteurs biologiques séquentiels, biofiltres, étangs aérés, etc.).
  • Traitement tertiaire : Peaufinage de l’enlèvement des matières en suspension, des nutriments ou des agents pathogènes (désinfection) grâce à des procédés physiques (filtration sur sable, filtration membranaire, rayonnement ultraviolet, etc.), chimiques ou biologiques.
  • Traitement quaternaire : Enlèvement des micropolluants (composés pharmaceutiques, pesticides, etc.) par ozonation et autres procédés.

Le traitement des eaux usées génère des boues, qui doivent à leur tour être traitées avant d’être valorisées ou éliminées.

Types et bénéfices selon les applications

Dans les zones urbaines, les résidences, les commerces, les institutions et les industries qui sont généralement reliés à un réseau d’égout qui achemine les eaux usées vers une station d’épuration (traitement centralisé)1,2.

Dans les  zones non desservies par un réseau d’égout et une station d’épuration, différents types d’installations requièrent un système autonome de traitement des eaux usées. 

Pour les hôtels, les haltes routières, les campings, les regroupements de maisons, les écoles et les hôpitaux, les technologies conventionnelles3 utilisées pour traiter les eaux usées de ce type d’installations comprennent notamment les fosses septiques, les lits d’infiltration, les filtres à sable hors sol, les filtres granulaires intermittents à recirculation (FGIR), les filtres à sable intermittents (FIE), les marais artificiels, le lagunage, les boues activées et les réacteurs biologiques à garnissage en suspension (RBGS).

Pour les résidences isolées non connectées à un réseau d’égout municipal, les eaux doivent être traitées efficacement avant d’être rejetées dans l’environnement. Le Guide technique sur le traitement des eaux usées des résidences isolées du MELCCFP fournit une description détaillée des technologies conventionnelles applicables4, notamment la fosse septique, les éléments épurateurs classiques et modifiés (communément appelés champs d’infiltration), le puits absorbant, le filtre à sable hors sol et le filtre à sable classique (MELCCFP, 2023). Le BNQ diffuse les fiches techniques des technologies commerciales certifiées pouvant aussi être utilisées pour traiter les eaux usées des résidences isolées5.

Type de technologieÉtape de traitementBénéficesLimites
Physico-chimique (coagulation-floculation et décantation ou flottation)Primaire avancéEnlèvement des matières en suspension et du phosphore.N’enlève pas la matière organique soluble.
LagunageSecondaire (biologique)Enlèvement de la matière organique et des matières en suspension.Espace requis.
Réduction d’efficacité en cas d’accumulation trop importante de boues.
Boues activées (BA) et réacteurs biologiques séquentiels (RBS)Secondaire (biologique)Enlèvement de la matière organique.
Plus compact que le lagunage.
Foisonnement des boues (bactéries filamenteuses) et moussage perturbant la décantation6.
Réacteurs biologiques membranaires (RBM)Secondaire (biologique)Enlèvement de la matière organique, rejet de haute qualité, compact.Colmatage des membranes, consommation énergétique, complexité du procédé3.
Réacteurs biologiques à garnissage en suspension (RBGS)Secondaire (biologique)Enlèvement de la matière organique.
Plus compact que les boues activées.
Consommation énergétique plus élevée pour maintenir le garnissage en suspension4
Disques biologiques rotatifs (DBR)Secondaire (biologique)Enlèvement de la matière organique.
Méthode adaptée aux eaux diluées et comprenant moins de risques de lessivage de la biomasse.
Perte de performance en cas de débit ou de charge supérieurs aux valeurs de conception (bassin d’égalisation recommandé).
Biofiltration (BF)Secondaire (biologique)Enlèvement de la matière organique, compact, modulable, sans décanteur secondaire.
Méthode adaptée aux eaux diluées.
Fonctionnement discontinu, traitement primaire à haute performance requis, sensible aux pointes de charges en MES.
Technologies spécifiquesSecondaire (biologique)Propre à chaque technologie.Propre à chaque technologie.
Postfiltration granulaireTertiairePolissageColmatage rapide si traitement seul.
MicrotamisageTertiairePolissageColmatage des mailles, passage des petites particules à travers les mailles.
Postfiltration membranaireTertiairePolissageColmatage des membranes, nettoyage régulier par rétrolavage pouvant requérir l’utilisation de produits chimiques. 
Rayonnement ultravioletTertiaireDésinfectionEncrassement des lampes UV.
OzonationTertiaire ou quaternaireDésinfection et enlèvement des contaminants d’intérêt émergent.Formation de sous-produits potentiellement toxiques, complexité.
Type de technologieType de système de traitementBénéficesLimites
Fosse septiquePrimaireEnlèvement des matières en suspension (MES).Pièges à matières grasses à prévoir pour les cuisines des restaurants.
Élément épurateur classiqueSecondaireEnlèvement de la matière organique (DBO5C).Contraintes liées au site et au terrain naturel à considérer, colmatage, espace requis.
Élément épurateur modifié
Puits absorbant
Filtre à sable hors sol
Filtre à sable classiqueColmatage, espace requis.
Cabinet à fosse sècheGestion des odeurs, risque de contamination, confort.
Installation à vidange périodiqueFréquence de vidange, risque de contamination.
Installation biologiqueMéthode réservée aux camps de chasse ou de pêche et aux résidences isolées existantes dont la nature du sol/du terrain récepteur interdit la construction des installations permises pour les nouvelles résidences.
Cabinet à fosse sèche ou à terreau et puits d’évacuation pour les eaux ménagèresGestion des odeurs, risque de contamination, confort.
Système de traitement secondaire avancé7Secondaire avancéEnlèvement plus poussé des MES
et de la DBO5C.
Propre à chaque système.
Système de désinfection ultraviolet (STT-UV)TertiaireDésinfectionEncrassement des lampes.
Non fonctionnel si débranché8.
Système de déphosphatationTertiaireEnlèvement du phosphore.Propre à chaque système.
Champ de polissagePolissageFinalisation du traitement et évacuation par infiltration dans le sol naturel.

Les eaux usées dans le monde

Le marché mondial du traitement des eaux usées connaît une forte croissance en raison de la demande grandissante en eau et de l’augmentation des problèmes de pollution et de santé9.

À l’échelle mondiale, le secteur se subdivise en différents segments industriels, notamment :

  • L’industrie des produits chimiques (coagulants, floculants, désinfectants, biocides, produits antifongiques, stabilisateurs de pH, etc.).
  • L’industrie des services de traitement des eaux usées (en anglais, les water utilities).
  • Le segment industriel des équipements de traitement. 

La taille du marché mondial pour le traitement des eaux usées était d’environ 300 milliards de dollars américains en 2022, et de 500 milliards en 202310,11.

La valeur du segment des équipements de traitement de l’eau potable et des eaux usées s’élevait à environ 60 milliards de dollars américains en 2024. Avec un taux de croissance annuel moyen supérieur à 6 %, elle pourrait donc atteindre 90 milliards d’ici 2029. 

De nombreux pays ont développé des technologies et des infrastructures avancées dans le domaine du traitement des eaux usées :

  • Les Pays-Bas sont souvent perçus comme des leaders mondiaux en matière de gestion de l’eau, notamment en ce qui a trait à la réutilisation des eaux usées traitées dans l’agriculture.
  • En Allemagne, aux Pays-Bas et au Danemark, les systèmes d’assainissement des eaux usées sont soumis à des frais calculés en fonction des charges totales de polluants rejetés. Cette approche a conduit à l’obtention d’une qualité de l’effluent supérieure à celle requise par la loi12.
  • Les États-Unis possèdent aussi de nombreuses installations de traitement des eaux usées de pointe, notamment dans les grandes villes et les zones urbaines. De plus, ils sont considérés comme les leaders mondiaux en matière de réutilisation des eaux usées, puisqu’ils ont été les premiers, en 1918, à adopter une réglementation en ce sens en Californie13.

Les eaux usées au Canada

Au Canada, la proportion de la population desservie par un système municipal d’assainissement se situe autour de 86 %. Ainsi, environ 13,6 % de la population est desservie par un système utilisant des traitements primaires, 42,7 % par un système utilisant des traitements secondaires et 28,1 % par un système utilisant des traitements tertiaires. Enfin, environ 1,8 % de la population est desservie par des systèmes rejetant des eaux usées non traitées14,15.

La proportion de la population desservie par des systèmes municipaux de traitement des eaux usées varie beaucoup en fonction de chaque province et de chaque territoire. Selon des données datant de 2020, environ 33,4 % de la population québécoise était desservie par un système utilisant un traitement de type primaire, 47,3 % par un système utilisant un traitement de type secondaire et 8,6 % par un système utilisant un traitement de type tertiaire.

Proportion de la population desservie par des systèmes municipaux de traitement des eaux usées au Canada en 2020.16

Les provinces intérieures tendent à adopter des niveaux de traitement plus élevés afin de protéger leurs ressources en eau douce. Ainsi, l’Alberta comptait la plus forte proportion de population (73,6 %) desservie par un traitement de type tertiaire en 2020, suivie par l’Ontario (39,0 %) et la Saskatchewan (30,0 %). 

D’autre part, la majorité des systèmes qui rejettent des eaux usées non traitées sont situés dans des communautés côtières. Une proportion importante de la population de Terre-Neuve-et-Labrador (32,6 %), par exemple, était desservie, en 2020, par des systèmes municipaux rejetant des eaux usées non traitées dans l’environnement. En comparaison, la même année, seulement 13,8 % de la population canadienne n’était pas desservie par un système municipal de traitement des eaux usées.

Les eaux usées au Québec

Les efforts d’assainissement des eaux usées mis en place depuis les années 1980 ont permis au Québec de construire près de 900 stations d’épuration municipales et d’acquérir une solide expertise en la matière17,18.

Répartition des types de systèmes de traitement des eaux usées municipales au Québec en 202019.

Type de système
de traitement
Nombre
de stations
Pourcentage
des stations

(%)
Débit
(m³/d)
Pourcentage
du débit
(%)
Boues activées466789 06412
Disques biologiques2939 8290,1
Biofiltration81601 6789
Étangs aérés573691 585 55024
Étangs à rétention réduite50637 8430,6
Étangs non aérés38513 0420,2
Physico-chimique1213 603 49754
Réacteurs biologiques13212 7010,2
Technologies spécifiques*6484 7820,1
Total833100665 8042100

* En 2020, les technologies spécifiques comprenaient les systèmes de traitement suivants : Biofosse MN (1 station), Bionest (5 stations), Biotour (1 station), fossés à infiltration rapide (1 station), filtre intermittent enfoui (2 stations), filtre intermittent à recirculation (11 stations), fosse septique (8 stations), filtre à tourbe (14 stations), oxydation rapide avec polissage (1 station), roseaux ou marais artificiel (19 stations) et Segflo et filtre Ecoflex (1 station).

Parmi les quelque 350 entreprises en technologies propres présentes au Québec, 13 % se consacrent exclusivement au secteur de l’eau, soit environ 45 entreprises20. Considérant la croissance démographique, l’évolution de la réglementation, les besoins en infrastructures, les avancées technologiques et les inquiétudes environnementales, le secteur du traitement des eaux usées offrira de nombreuses opportunités dans le futur pour les fournisseurs de technologies.  

En voici quelques-unes21 :

  • Urbanisation croissante
  • Respect de la réglementation et mise à niveau des infrastructures 
  • Réduction à la source
  • Protection des écosystèmes sensibles
  • Amélioration du traitement des nutriments
  • Recyclage des eaux usées 
  • Gestion des eaux pluviales
  • Main-d’œuvre qualifiée

Au Québec, plusieurs politiques et règlements ont été mis en place afin d’assurer la protection de l’environnement et de la santé publique tout en favorisant une gestion durable des ressources en eau.

 

Cas d’application innovants au Québec

Les niches à développer dans le secteur du traitement des eaux usées pour répondre aux besoins spécifiques du Québec et saisir de nouvelles opportunités reposent notamment sur :

  • le développement et la mise en place de différentes approches de traitement; 
  • la valorisation des ressources naturelles;
  • la réutilisation des eaux usées;
  • le développement de solutions de gestion intelligente des données. 

Vitrine technologique en traitement de l'eau

Ce programme de financement a pour objectif d’appuyer les entreprises québécoises, en particulier les PME, ayant développé une technologie dans le domaine de l’eau pour un déploiement auprès des donneurs…

Découvrez les projets

Occasions d’affaires au Québec

Le traitement des eaux usées est généralement effectué à l’aide de technologies conventionnelles. Néanmoins, plusieurs opportunités sont à prévoir au cours des prochaines années pour les fournisseurs de technologies innovantes; en voici d’ailleurs quelques-unes résumées ci-dessous.

Réglementation et mise à niveau des infrastructures de traitement des eaux usées

Comme ailleurs dans le monde, le durcissement de la réglementation influence grandement les besoins en nouvelles technologies de traitement des eaux usées au Canada. Ces possibilités sont renforcées par des incitatifs gouvernementaux pour l’adoption de technologies novatrices. Des investissements sont d’ailleurs à prévoir pour améliorer l’assainissement des eaux usées, notamment au sein des régions éloignées et des Premières Nations22.

Nouvelles technologies plus performantes

Le développement de nouvelles technologies plus performantes, comme des systèmes de traitement biologique avancé permettant d’éliminer davantage de matière organique et de récupérer les nutriments, est également attendu23.

Nouvelles technologies plus écologiques

Le développement de produits et de procédés inspirés de la nature ainsi que l’utilisation accrue de matériaux écologiques sont aussi à prévoir pour le traitement des eaux usées. 

Efficacité énergétique

La mise en place de technologies plus économes en matière d’énergie est attendue, de même que la récupération d’énergie à partir des eaux usées ou des boues d’épuration24.

Récupération des nutriments

Les projets permettant la récupération des nutriments et des autres ressources de l’eau devraient se multiplier au cours des prochaines années.

Réutilisation des eaux usées

Bien que le Canada soit moins touché que d’autres régions du monde par les pénuries d’eau, la rareté grandissante de la ressource dans certaines régions du pays favorise le besoin de développer des technologies permettant la réutilisation des eaux usées25.

Écosystème de l’innovation

Fournisseurs de technologies de traitement des eaux usées pour les résidences isolées26 :

Fournisseurs de technologies pour la mise à niveau d’étangs aérés :

Autres fournisseurs de technologies de traitement des eaux usées :

Fournisseur de systèmes de dosage de produits chimiques :

Diminution de la consommation ou récupération d’énergie :

Instrumentation et contrôle :

Collecte, gestion et utilisation des données :

Fournisseurs de services :

  • CTEAU – Centre des technologies de l’eau – Centre collégial de transfert de technologie ayant pour mission d’utiliser et de transférer efficacement ses connaissances de l’eau pour aider les entreprises privées et les organismes publics et parapublics à optimiser leurs équipements, leurs procédés et leurs méthodes pour une gestion de l’eau plus efficace, en plus de réaliser des mises à l’échelle et des projets pilotes pour aider les organisations à développer des solutions plus performantes. 
  • Polytechnique Montréal – Département des génies civil, géologique et des mines.
  • CREDEAU – Centre de recherche, de développement et de validation des technologies et procédés en traitement des eaux (Yves Comeau, Dominique Claveau-Mallet).
  • Université Concordia : Maria Elektorowicz (a développé le concept du procédé EBR, mis à l’échelle par Kourant).
  • Université du Québec à Trois-Rivières (UQTR) : Simon Barnabé (département de biochimie, chimie, physique et science forensique).

Programmes et plans d’action

Gouvernement du Canada

Le traitement des eaux usées est une responsabilité partagée entre les différents paliers de gouvernement. Le gouvernement fédéral est responsable de gérer les risques présentés par les substances figurant dans la Loi canadienne sur la protection de l’environnement (1999) (LCPE, 1999).

  • Le gouvernement du Canada a publié, en 2012, le Règlement sur les effluents des systèmes d’assainissement des eaux usées (RESAEU) en vertu de la Loi sur les pêches. Ce règlement vise à minimiser les risques pour les poissons et leur habitat, ainsi que ceux pour la santé humaine résultant de la consommation de poisson. Il a ainsi pour but de réduire la quantité de substances nocives dans les effluents déversés dans les eaux canadiennes fréquentées par les poissons. Le RESAEU établit des normes nationales de qualité des effluents à respecter pour les propriétaires et les exploitants de systèmes d’assainissement municipaux traitant un volume journalier de 100 m3 ou plus d’eaux usées. 
  • Les normes de rejet du RESAEU incluent notamment une demande biochimique en oxygène moyenne de la partie carbonée (DBO5C) générée dans l’effluent ne dépassant pas 25 mg/L, une concentration moyenne de matières en suspension (MES) dans l’effluent ne dépassant pas 25 mg/L et une concentration maximale d’ammoniac non ionisé dans l’effluent inférieure à 1,25 mg/L, exprimée sous forme d’azote (N), à 15 °C ± 1 °C. Ce règlement impose l’utilisation d’un système de traitement secondaire.
  • Considérant que l’ammoniac dissous dans l’eau est une substance figurant sur la Liste des substances toxiques de l’annexe 1 de la LCPE (1999), le ministre de l’Environnement du Canada a établi une Ligne directrice sur le rejet d’ammoniac dans les effluents d’eaux usées en vue de réduire l’impact des rejets d’ammoniac dissous dans l’eau dans les eaux de surface. Cette directive s’applique à toute personne qui possède un réseau d’assainissement qui rejette, dans les eaux de surface, un débit d’effluent supérieur ou égal à 5 000 m3 par jour, selon une moyenne annuelle.
  • La concentration d’ammoniac dans les eaux de surface où vivent les poissons ne devrait pas être létale à la suite d’une intoxication aiguë d’ammoniac. Les objectifs pour les rejets d’ammoniac dans les eaux de surface sont : 1) l’atteinte et le maintien d’une concentration en ammoniac dans l’effluent sans létalité aiguë pour les poissons, et 2) l’atteinte et le maintien d’une concentration d’ammoniac dans l’effluent permettant d’assurer la protection des organismes vivant en eau douce. Les réseaux d’assainissement ne devraient pas rejeter d’ammoniac en quantité ou en concentration menant à une concentration d’ammoniac non ionisé supérieure à 0,019 mg/L dans l’environnement aquatique. 
  • Les Recommandations canadiennes pour la qualité des eaux – protection de la vie aquatique du Conseil canadien des ministres de l’environnement (CCME) présentent un résumé des facteurs connus affectant la toxicité de l’ammoniac. 
  • Les provinces et les municipalités peuvent adopter des normes plus strictes ou ajouter des exigences de rejet pour d’autres contaminants.
  • Loi sur l’urgence canadienne de l’eau : En juin 2024, le gouvernement fédéral a également créé l’Agence de l’eau du Canada. Cette dernière se veut un point central fédéral et autonome pour l’eau douce et travaille en partenariat avec les peuples autochtones, les provinces, les territoires et les intervenants afin de renforcer la collaboration dans le domaine de l’eau douce.

Gouvernement du Québec

  • La Stratégie québécoise de l’eau a été lancée en 2018 dans le but de protéger les sources en eau potable et de poursuivre la mise aux normes des infrastructures. Cette stratégie a notamment pour objectif que 89 % des ouvrages municipaux d’assainissement des eaux usées (OMAEU) soient conformes aux standards de traitement des eaux usées prévus au ROMAEU en 2030, et 100 % en 2040. À titre de comparaison, 83 % des 982 OMAEU étaient conformes en 2023.
  • Le plan d’action 2018-2030 de la Stratégie québécoise de l’eau prévoit des investissements de plus de 73 millions de dollars pour poursuivre la mise aux normes des infrastructures et l’amélioration des pratiques de conception des réseaux d’égout et d’aqueduc. Il vise notamment à moderniser la gestion des eaux usées municipales et résidentielles ainsi qu’à développer des outils supportant cette modernisation. 
  • Les gouvernements du Québec et du Canada se sont associés à divers collaborateurs afin de signer le Plan d’action Saint-Laurent 2011-2026, qui vise à protéger le fleuve Saint-Laurent. Les sources ponctuelles de contamination étant assez bien caractérisées, les orientations du plan portent davantage sur la réduction des sources agricoles de pollution diffuse.
  • Le gouvernement du Québec a lancé, en 2024, le Plan national de l’eau, élaboré en collaboration avec les membres du Forum d’action sur l’eau, qui vise à renforcer la protection, la restauration et la mise en valeur des ressources en eau au Québec. Des investissements de 500 M$ sont prévus pour le déploiement du plan lors de la période 2023-2028.

La Loi affirmant le caractère collectif des ressources en eau et favorisant une meilleure gouvernance de l’eau et des milieux associés, communément appelée la Loi sur l’eau, a été adoptée en 2009. Cette dernière confirme le statut juridique des ressources en eau comme faisant partie du patrimoine de la collectivité. Elle précise également les responsabilités de l’État à titre de gardien de la ressource au nom des citoyennes et citoyens, établit un nouveau régime d’autorisation pour les prélèvements d’eau et reconnaît la nécessité de satisfaire en priorité les besoins essentiels de la population et de concilier ensuite les besoins des écosystèmes et des activités à caractère économique.

Au Québec, le traitement des eaux usées est encadré par la Loi sur la qualité de l’environnement (LQE), qui vise notamment la protection de l’environnement, des espèces vivantes qui y habitent et de la santé humaine. Elle vise aussi à encadrer l’utilisation des ressources en eau de manière à en assurer une gestion durable, équitable et efficace, en plus de favoriser la réduction des émissions de gaz à effet de serre, notamment en privilégiant le recours à des énergies à faible empreinte carbone. Enfin, elle permet de considérer l’évolution des connaissances et des technologies ainsi que les enjeux liés aux changements climatiques.

Le Règlement sur les ouvrages municipaux d’assainissement des eaux usées (ROMAEU), adopté en décembre 2013, exige notamment l’installation d’un système de traitement secondaire des eaux usées. Il établit des normes de rejet à l’effluent pour la DBO5C (25 mg/L), les MES (25 mg/L), le pH (entre 6,0 et 9,5) et la toxicité aiguë (aucune toxicité aiguë). Des normes de rejet supplémentaires peuvent être fixées par le MELCCFP dans l’attestation d’assainissement municipale (AAM) ou l’autorisation ministérielle (AM), notamment pour des paramètres tels que le phosphore total et les coliformes fécaux. Les municipalités québécoises ont jusqu’en 2030 (niveau de risque moyen) ou 2040 (niveau de risque faible) pour réaliser les travaux visant l’agrandissement, la modernisation ou le remplacement de leur station d’épuration (notamment se doter d’un système de traitement secondaire) comme exigé par le RESAEU au fédéral et le ROMAEU au provincial.

Par ailleurs, les municipalités québécoises sont encouragées à se doter d’un Règlement relatif aux rejets dans les réseaux d’égout, à l’instar de la Communauté métropolitaine de Montréal, de la Ville de Québec et de plusieurs autres villes de la province. Ce règlement permet de régir la quantité et la qualité des eaux déversées dans le réseau d’égout. Les municipalités ont ainsi le pouvoir d’exiger l’installation d’un système de prétraitement des eaux usées pour l’ensemble des immeubles érigés sur leur territoire en vue de faire respecter les normes de rejet.

Le Règlement sur l’évacuation et le traitement des eaux usées des résidences isolées (RETEURI) s’applique aux résidences de six chambres à coucher ou moins ainsi qu’aux bâtiments et lieux générant un débit total quotidien d’eaux usées domestiques d’au plus 3 240 litres.

Divers programmes existent afin d’aider les entreprises, les municipalités et les propriétaires de résidences à financer des projets de traitement des eaux usées. Nous vous recommandons de consulter les divers sites Web des organismes de financement pour obtenir des informations détaillées et à jour sur ces programmes.

Programmes pour les entreprises

Programmes pour les municipalités

  • Fonds municipal vert (FMV) : Le FMV offre des subventions, des prêts, des mécanismes de financement innovants, des investissements par effet de levier, des programmes de renforcement des capacités et du soutien stratégique. Il vise notamment les stratégies de transformation particulières au secteur de l’eau, incluant les systèmes municipaux d’eaux usées. 
  • Fonds pour l’infrastructure municipale d’eau (FIMEAU) : Administré par le ministère des Affaires municipales et de l’Habitation (MAMH), le programme Fonds pour l’infrastructure municipale d’eau (FIMEAU) vise la réalisation de travaux de construction, de réfection, d’agrandissement ou d’ajout d’infrastructures municipales d’eau potable ou d’eaux usées. Ces travaux permettront de contribuer au maintien de services municipaux et à la mise aux normes réglementaires d’infrastructures d’eau potable ou d’eaux usées. Ce programme s’applique essentiellement aux technologies conventionnelles ou validées.
  • Programme d’infrastructures municipales d’eau (PRIMEAU) : Programme provincial qui finance des travaux d’infrastructures municipales d’eau, notamment la réfection d’égouts. Il est administré par le MAMH et permet le financement de technologies conventionnelles ou validées.

Programmes pour les propriétaires de résidences isolées

  • Crédit d’impôt pour la mise aux normes d’installations d’assainissement des eaux usées résidentielles : Un crédit d’impôt remboursable pour la réalisation de travaux de mise aux normes d’installations d’assainissement des eaux usées résidentielles. Ce crédit s’adresse aux propriétaires d’une résidence principale ou, à certaines conditions, d’un chalet. Les travaux doivent être réalisés par un entrepreneur qualifié, avec qui une entente doit être conclue avant le 1er avril 2027. Le crédit d’impôt maximal pouvant être accordé pour une habitation est de 5 500 $.
  • Aide financière municipale aux propriétaires de résidences isolées pour la mise aux normes des installations septiques : Les municipalités peuvent accorder une aide financière aux propriétaires de résidences isolées souhaitant rendre leur dispositif d’évacuation et de traitement des eaux usées conforme au RETEURI. En vertu des articles 90 et 92 de la Loi sur les compétences municipales (LCM), dont l’application relève du MAMH, les municipalités peuvent établir un programme d’aide en environnement et accorder des subventions pour des travaux de mise aux normes d’installations septiques. Un tel programme peut être financé par un règlement d’emprunt. Dans un tel cas, le remboursement des échéances annuelles de l’emprunt est à la charge de l’ensemble des contribuables sur la base de la valeur des immeubles imposables. L’aide peut aussi viser les propriétaires qui effectuent eux-mêmes les travaux et prendre la forme d’un emprunt de la somme nécessaire pour effectuer lesdits travaux. Le remboursement de l’emprunt se fait alors en fonction du coût réel des travaux réalisés sur la propriété. Les établissements commerciaux ou industriels ne peuvent pas bénéficier de ce type de programme, en vertu de la Loi sur l’interdiction de subventions municipales.
  • Vitrine technologique en traitement de l’eau : Le ministère de l’Économie, de l’Innovation et de l’Énergie (MEIE) a octroyé une subvention à Écotech Québec afin de mettre en œuvre la Vitrine technologique en traitement de l’eau par le décret numéro 488-2024 du 20 mars 2024. La Vitrine vise à appuyer de nouvelles technologies innovantes représentant des solutions potentielles visant à améliorer la performance du traitement de l’eau par diverses installations. Elle vise également à absorber les risques associés à l’innovation lors de la validation en milieu réel d’utilisation et à cofinancer les projets retenus et approuvés par le MEIE.

Innovations québécoises à découvrir

GPS Climat est un outil clés en main, développé par Écotech Québec, qui permet aux organisations et PME du Québec de trouver des technologies propres pouvant les aider à améliorer leur rentabilité et leur empreinte environnementale.

Cet outil recense les technologies propres disponibles au Québec, notamment dans le domaine du traitement des eaux usées.


  1. Selon le Guide pour l’étude des technologies conventionnelles de traitement des eaux usées d’origine domestique du MELCCFP (2023). Les chapitres et les sections cités entre parenthèses font référence à ce guide. ↩︎
  2. Suez. Mémento technique de l’eau. Procédés à cultures libres. Aide à l’analyse des dysfonctionnements. [En ligne] ↩︎
  3. Husson A., Stricker A. E., Senechal M. et Racault Y. (2013). Bioréacteurs à membrane pour le traitement des eaux résiduaires urbaines, retours d’expérience. IRSTEA, 41 p., https://hal.inrae.fr/hal-02599235/document ↩︎
  4. MELCCFP (2023). Guide pour l’étude des technologies conventionnelles de traitement des eaux usées d’origine domestique. Chapitre 11 – Procédés biologiques mécanisés à cultures fixées et procédés hybrides – Préliminaire. Tableau 11.3.1-1 Avantages et inconvénients des RBGS. [En ligne] ↩︎
  5. BNQ. Validation des technologies de traitement de l’eau. [En ligne] ↩︎
  6. Suez. Mémento technique de l’eau. Procédés à cultures libres. Aide à l’analyse des dysfonctionnements. [En ligne] ↩︎
  7. Voir le site Web du BNQ pour les entreprises et systèmes certifiés. [En ligne] ↩︎
  8. Le MELCCFP interdit les systèmes de traitement UV, sauf si la municipalité en effectue l’entretien (MDDELCC, 2015, section 19.3). ↩︎
  9. The Insight Partners. Marché du traitement des eaux usées – Analyse des tendances et de la croissance | Année de prévision 2031 ↩︎
  10. https://www.wateronline.com/doc/being-resourceful-with-wastewater-treatment-to-help-tackle-the-global-water-crisis-0001 ↩︎
  11. https://new.abb.com/news/detail/95857/research-from-abb-shows-how-cities-can-tackle-water-stress-by-reducing-carbon-emissions-and-cost-of-wastewater-treatment-for-reuse ↩︎
  12. Réseau canadien de l’eau (2018). Défis et possibilités du Canada concernant la gestion des contaminants dans les eaux usées. [En ligne] ↩︎
  13. Suez. Mémento technique de l’eau. [En ligne] ↩︎
  14. https://www.canada.ca/fr/environnement-changement-climatique/services/indicateurs-environnementaux/traitement-eaux-usees-municipales.html ↩︎
  15. Statistique Canada. https://www150.statcan.gc.ca/n1/daily-quotidien/230511/dq230511b-fra.htm ↩︎
  16.  Traitement des eaux usées municipales – Canada.ca ↩︎
  17. MEIE. Eau ↩︎
  18. MELCCFP. Bilan de performance des ouvrages municipaux d’assainissement des eaux usées pour l’année 2021. ↩︎
  19. MELCCFP. Bilan de performance des ouvrages municipaux d’assainissement des eaux usées pour l’année 2020. ↩︎
  20.  Écotech Québec, pour le Fonds Écoleader. Les technologies propres du secteur de l’eau. [En ligne] ↩︎
  21.  Stratégie 2018-2030.pdf, p. 37 ↩︎
  22. Services aux Autochtones Canada. Accès à une eau potable salubre dans les collectivités des Premières Nations. [En ligne] ↩︎
  23. Écotech Québec pour les Fonds Écoleader. Les technologies propres du secteur de l’eau. ↩︎
  24.  Le futur du traitement des eaux (aerzen.com) ↩︎
  25.  Gestion de l’eau : risques et opportunités (veolia.com) ↩︎
  26.  BNQ (2024). Systèmes d’épuration autonomes pour les résidences isolées. Entreprises certifiées, [En ligne]. ↩︎

Les fiches « Perspectives » ont été réalisées grâce au soutien du ministère de l’Économie, de l’Innovation et de l’Énergie (MEIE) dans le cadre du Programme d’appui au développement des secteurs stratégiques et des créneaux d’excellence (PADS).


Publié le : 24 septembre 2024
Dernière mise à jour le : 10 décembre 2024